Nous nous focalisons cette semaine sur le riche parcours artistique de Slam Master No, maître des mots, trois fois champion de slam au Gabon. Nous explorerons sa passion pour les lettres, son dévouement envers la littérature, son amour du rap, et sa souhait de mettre en avant la culture africaine et la spiritualité à travers son art.

Explorons l'univers fascinant de cet artiste polyvalent qui en plus de ses succès individuels dans le monde du slam occupe le poste de directeur artistique du festival annuel Festival Black History Arts qui rassemble des talents variés de l'expression artistique sous toutes ses formes.

L'âme créative de Slam Master No, fusionne cet art des lettres avec la culture africaine et la spiritualité pour créer cette toute particulière expérience artistique.

Zoom Hebdo : Bonjour, Slam Master No, tout d'abord, merci de bien vouloir nous accorder cette interview pour le journal Zoom Hebdo. Peux-tu raconter brièvement ton histoire pour tous ceux qui te découvrent ici ? Tes débuts et les moments clés de ton parcours ..

Slam Master No : Je m'appelle Frank Noël Makosso, et suis aussi connu sous le nom de No ou Nono dans l'intimité. Très tôt attiré par les formes d'expression différentes, que ce soit à travers mon style vestimentaire ou ma façon de m'exprimer. Ne voulant pas se conformer aux codes traditionnels, j'ai naturellement cherché ma voie dans l'art, car celui-ci correspondait à mon mode de vie axé sur la créativité. J'ai exploré diverses formes artistiques, de la danse au rap, avant de trouver ma véritable passion dans le slam, où j'ai obtenu le titre de triple champion du Gabon. En 2021, j'ai concrétisé cette passion en créant un festival visant à fédérer diverses disciplines artistiques pour partager la culture et la créativité à travers tous les canaux possibles. Aujourd'hui, le Festival Black History Arts, qui se déroule tout au long du mois de février, est devenu le plus grand événement de ce type au Gabon.

Ma carrière a débuté officiellement lorsque j'ai terminé mes études. J'ai toujours pratiqué l'art par passion, mais après avoir obtenu quelques diplômes, j'ai décidé de me lancer véritablement, de m'inscrire pour apporter ma contribution et de vivre ma vie pleinement. C'est en 2016 que j'ai remporté pour la première fois le championnat du Gabon, un moment décisif dans mon parcours. En 2017, mon clip "Le poème du gabonais" a été le déclencheur qui m'a propulsé à l'international, et tout a pris son envol à partir de là.

ZH : Tu prépares actuellement la 4è édition du festival Black History Art réunissant toutes les disciplines artistiques ainsi que leurs icônes au Gabon. Qu'est-ce que représente le festival Black History Art ? Comment a-t-il impacté ta carrière, et qu'est-ce qui le rend spécial pour toi ?

SMN : Le Festival Black History Arts vient de mon idée, mais il est aussi le fruit de la contribution de tous les artistes qui y participent. Chacun apporte sa créativité, faisant de cet événement un véritable carrefour de l'art et de la culture locale. En parallèle du développement de ma carrière, être l'initiateur d'un tel mouvement embellit le nom que je porte et renforce davantage mon identité artistique.

ZH : Tu as sorti ton premier album 'Bantuphonie' le 3 mai 2023 et cette année marque le premier anniversaire de l'album que tu célèbreras avec un concert au Gabon. Dans quelles conditions as-tu réalisé cet album ?

SMN: Oui, l'album Bantuphonie va célébrer son premier anniversaire et à cette occasion nous préparons un grand concert. Bantuphonie est avant tout un concept que je développe, se traduisant par "l'expression des gens", un mélange entre ma langue maternelle, où l'on dit "Ba tu", et une étude anthropologique sur le peuple dit bantu. Nous avons écrit et travaillé sur ce projet avec la collaboration de certains anthropologues, artistes et musiciens, pendant trois mois de résidence. À la fin, nous avons sorti cet album."

ZH : Avec plus de 4 000 followers sur les réseaux sociaux, remportant de nombreux trophées et titres de champion de slam, tu es une figure majeure de la scène culturelle gabonaise. Que signifie pour toi d'être devenu connu au Gabon ?

SMN : Pour moi, cela signifie que j'ai le regard de nombreuses personnes à n'importe quel moment. Du coup, j'ai appris à faire attention à ce que je dis et à ce que je fais. Je peux même dire que sur le chemin de la notoriété, j'ai été éduqué par tout cela. Un exemple simple ; ma mère, Annie Flore, regarde mes statuts WhatsApp. Lorsque j'écris avec frustration, elle m'appelle pour me gronder en me disant "pas toi".

ZH : Tu as récemment rendu hommage à l'icône gabonaise Vickos Ekondo, qui sera à l'honneur lors de ton prochain festival. En quoi t'a-t-il influencé sur le plan artistique ?

SMN : Vickoss Ekondo a créé le concept Tandima avec la vision de réunir, dans un mot, une expression, une danse, la culture dans toute sa diversité locale. Étant sous son influence, il était important pour moi de rendre hommage à ce patrimoine.

ZH : Quels sont tes projets futurs, et comment tu envisages l'évolution de ta carrière ?

SMN : Ma carrière est guidée par le vent, c'est tout ce que je peux vous dire. Depuis mes débuts dans le slam, chaque étape a été une nouvelle aventure, une exploration de l'expression artistique. Mon objectif est de continuer à évoluer, à repousser les limites de ma créativité et à inspirer ceux qui croisent ma route. En ce qui concerne l'avenir, j'ai plusieurs projets passionnants en gestation. Je travaille sur de nouvelles œuvres qui explorent des thèmes sociaux et culturels, tout en restant fidèle à ma passion pour les mots et la poésie. Je prévois également d'élargir ma présence sur la scène internationale en participant à des collaborations artistiques et des festivals à travers le monde. Mon parcours artistique est un voyage continu, et je suis impatiente de voir où le vent me portera ensuite.

ZH : Enfin, pour les jeunes aspirants artistes qui admirent ton parcours, quel conseil ou message peux-tu leur transmettre pour les encourager à poursuivre leurs rêves artistiques ?

SMN : Pour ceux qui viennent derrière, je leur dirai que l'art est l'œuvre de l'esprit, mais Dieu est le maître des esprits. Croyez en Dieu et mettez vos projets entre ses mains.

ZH : Merci Slam Master No pour cette entretien, nous te remercions pour ta confiance et sincérité dans tes propos.